Ouvrage de sélection : Leïla Slimani (2021). Le parfum des fleurs la nuit. Éditions Folio.
Depuis toujours, j'éprouve pour les autres plus que de la curiosité. Un appétit féroce. Un désir d'entrer aux deux, de les comprendre, de prendre leur place pour une minute, une heure, toute la vie. Le destin des autres me fascine et il me fait souffrir quand j'ai le sentiment qu'il est cruel ou injuste. Jamais je n'ai pu me reposer dans le confort froid de l'indifférence. (p. 122)
J'ai pioché ce livre un soir à la gare, il me restait un peu de temps avant mon train et il faisait trop froid pour attendre sur les quais. J'ai décidé de passer un moment à feuilleter les ouvrages d'une boutique Fnac et je suis tombée sur une sélection de livres de Leïla Slimani. C'est d'abord son nom qui m'a interpelée, "Elle s'appelle comme moi!", J'avais pensé. Ça arrive très peu souvent, alors j'étais obligée de décoller son livre des autres parmi les étagères. Ensuite j'ai vu son portrait sur la première de couverture, accompagné de son nom "Slimani". À la voir et en répétant son nom dans ma tête, je savais déjà qu'elle était d'origine marocaine, comme moi. C'est souvent en suivant ce schéma que j'ai découvert des livres qui sont maintenant mes préférés : je trouve une partie de moi en eux et une partie d'eux en moi. Et c'est assez pour éveiller ma curiosité.
Au milieu de ces Levi-Strauss, Guillaume Musso, Marc Lévy et Albert Camus, les Leïla Slimani, Uzma Jallaludin et les Mouajdi Mouawad sont comme une limonade bien fraîche en un jour d'été : rafraîchissants. Je me souviens avoir lu la quatrième de couverture en direction de la caisse, je l'avais déjà à ce moment-là choisie et rien ne paraissait me déplaire. Parfois, quand je sais que le livre ne va pas me plaire parce qu'il ne me dit rien, je me force à feuilleter quelques pages, histoire d'être sûre, comme pour confirmer mon ennui.
Le parfum des fleurs la nuit est le récit de la nuit passée dans un musée à Venise en Italie. Leïla Slimani, seule mais tenue de compagnie par les lueurs nocturnes, nous embarque dans ce lieu qui pourtant le jour, est habité par des foules et débats. Finalement c'est plus une entrée dans ses propres réflexions plutôt qu'un récit d'aventure à proprement parler. Et c'est ce que j'ai beaucoup apprécié. Pas besoin de suivre un plot, rien ne fait sens, tout est sensiblement sentimental.
Moi qui suis si peureuse, je me sens protégée dans ce lieu, dans ce sanctuaire. J'aime être enfermée dans le noir d'une salle de cinéma. Je n'ai pas peur dans les bibliothèques, dans les librairies, dans les petits musées de quartier où l'on va moins pour la qualité de l'exposition que pour trouver un lieu où se réchauffer. Le reste du temps, j'ai peur. Peut-être est-ce dû au fait que j'ai été élevée par une mère inquiète dont le mot d'ordre était : "Attention !" Une mère qui voyait le risque partout : tomber, se faire mal, attraper la mort ou attirer un prédateur. À l'époque, je lui en voulais d'être si angoissée. (p. 51)
Note de lecture : "Damn"
On sent qu'elle est à cœur ouvert, pour autant je ne saurais dire avec certitude si elle s'est entièrement laissée voix. Je m'explique simplement par sa condition d'écrivain qui la condamne à s'exprimer avec de beaux mots, même si elle fait preuve d'une transparence révérencieuse. Je ne peux que me poser la question, qui ne lui est pas propre mais concerne en réalité tout écrivain(e), qui est de savoir si nos mots sont authentiques. Si déjà, par le choix d'un mot à un autre originel, on ne trahirait pas l'authenticité de notre psyché.
Je suivrais ma courte critique (un peu express, je vous l'accorde) d'une sélection de citations qui m'ont marqué pendant ma lecture :
Toute sa vie, elle a vécu dans le pays des autres. De cette langue arabe, à la fois si familière, et si farouchement étrangère, elle disait : « Je me suis retrouvé à la porte de cette langue. J'ai beau à parler dans la rue, je serais incapable de l'utiliser pour écrire un poème. Je l'ai donc érigé en mythe ou en un une sorte de paradis perdu si vous voulez » (p. 60-61)
Aujourd'hui, nous sommes constamment face au vide. Des villes entières ont été détruites. Avant la guerre, nous n'avions pas besoin de penser à Beyrouth, parce que Beyrouth était là. Mais le Beyrouth des années soixante a disparu. Si la mémoire, ne la préserve pas, cette ville sera éradiquée de la carte. (p. 93)
Quand on a plusieurs pays, plusieurs cultures, cela peut conduire à une certaine confusion. On est d'ici et puis d'ailleurs. On se revendique toujours étranger et on déteste en même tant que l'autre. Nous voit comme tel. On est de mauvaise foi. (p. 130)
2 Commentaires
Hey, je vais quand même dire que je te souhaite le meilleur et j’espère que tout va bien se passer dans tes études et projets. Bonne chance!
RépondreSupprimerSalut! Désolée je viens juste de voir le commentaire ㅠㅠ Et encore désolée j'ai supprimer mon compte HT sur un coup de tête et j'ai beaucoup regretté comme j'avais perdu ton contact...J'espère que tu m'en veux pas trop. En tout cas c'est super gentil d'avoir laisser un mot (et très smart aussi hahah). Hésites pas à rejoindre le Discord en cliquant sur le lien! :D 또 보자!!
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